On entend souvent parler de survie ça et là au grès de nos conversations, de nos lectures et depuis peu avec l'émergence de la collapsologie et autres "sciences" de l'effondrement : "Je fais de la survie ce week end avec les copains dans les bois", ou "je me prépare à la chute du système, va falloir survivre !", ou bien encore "j'ai survécu à ma journée de travail"... Pour autant, ce terme coutumier dans notre vie est souvent mal perçu, mal compris ou parfois il y a même des connotations péjoratives...
Et pour vous, c'est quoi la survie ? Sauriez vous définir ce terme ?
Pour faire simple et vulgarisé, nous pouvons distinguer deux types de "survie":
- La survie dite ancestrale, celle de la vie de tous les jours où nous devons satisfaire à nos besoins (être en sécurité, dormir, être abrité des intempéries, se soigner, boire, manger, fabriquer des outils...). C'est ce que font les Hommes et ce depuis des temps immémoriaux, autant de savoirs et de savoir-faire qu'il y a de peuplades et de cultures différentes si j'ose dire... En effet, tout tourne autour des besoins fondamentaux mais sans nécessité d'urgence, combien même dans certains endroits la vie peut être difficile. A ce niveau, j'aime bien parler de "SUR-vie" (qualité de vie supérieure), c'est à dire d'avoir ce qu'il faut pour bien vivre et ne jamais être aux limites de la vie, c'est à dire en danger de mort. Notons que certain(e)s vont jusqu'à appeler "survie douce" les sorties dans la nature en conditions minimalistes (qu'ils nomment aussi de "primitives"), ce que j'appelle plus volontiers de la "vie en pleine nature" ou de la "vie sauvage"...
-Et l'autre type de "survie", c'est la survie au sens pragmatique du terme, face à l'urgence où l'individu oscille entre la vie et la mort, quand il est clairement en danger à plus ou moins brève échéance. C'est par exemple la survie immédiate face à une agression directe comme en zone de guerre (fusillade...), ou face à une catastrophe naturelle (tempête avec chutes d'arbres), face à une blessure grave en milieu isolé (fracture ouverte...), face aux risques climatiques (grand froid ou canicule...) et à notre gestion de notre thermorégulation, ou bien encore face à la déshydratation (ne pas avoir d'eau potable suite à une catastrophe naturelle...) qui peut avoir des conséquences désastreuses (perte cognitive entrainant la prise de mauvaise décision, blessure...). On ne pratique pas la survie, on la subit malheureusement de manière "fortuite" et violente. Autrement dit, survivre dans ces cas précis n'est pas un jeu encore moins un loisir...
En résumé, le premier type de "SURvie" aborde le domaine de la prévention et de la bonne gestion quotidienne, de la vie en somme, tandis que le deuxième type est celui de l'Urgence, de la gestion de crise en situations délicates pour rester en vie (très proche de la notion de "secourisme"), des situations qui en France restent rares heureusement. Notons cependant que les deux types de "survie" sont connexes bien évidemment car la mauvaise gestion de l'un entrainera l'autre irrémédiablement !
Rappelez vous : "La survie commence là où il y a une rupture avec la normalité, c'est à dire avec nos habitudes de vie quotidienne et notre capacité à satisfaire nos besoins fondamentaux."
Une question est alors soulevée : doit on vraiment appeler le premier type "survie" puisqu'il s'agit en réalité d'actes premiers autour de nos besoins fondamentaux relevant de la vie tout
simplement ? Tout un débat !
En France, outre la période des soldes ou des promotions sur les pots de pâte à tartiner au chocolat où vous risquez d'être piétinés(pointe d'humour...), les situations de survie telles que les catastrophes naturelles, industrielles, ou de se perdre et se blesser en milieu isolé restent assez rares. Et ce même avec l'augmentation du temps de loisir avec le passage aux 35H et le développement massif des activités physiques de plein air (pour s'évader de la ville...), nous pouvons nous apercevoir en consultant les chiffres "jeunesse et sport"(pour ne citer que ceux ci) qu'il y a beaucoup d'accidents à l'issue favorable et rapidement secourus (généralement moins de 72H), mais très peu de cas mortels suite à une situation de survie prolongée (à mettre en rapport avec le nombre de pratiquants annuels), bien que ces cas là fassent systématiquement la Une des journaux en alimentant la psychose du "survivalisme"... Notez que je n'aborde pas les situations de survie liées aux attentats, car il s'agit là d'un autre problème... En bref, pas besoin de basculer dans la paranoïa ! Une fois encore, dans la plupart des cas, l'imprudence, le manque de préparation (intellectuelle, physique, technique, ou du matériel...), le manque de vigilance et la combinaison d'un ensemble d'autres facteurs longs à lister sont souvent responsables d'une issue dramatique...
Prévenir les risques et gérer une situation de crise dite de "survie" ?
Pour remédier aux risques, il faut déjà en avoir conscience et connaissance et y demeurer vigilant. C'est dans la vie quotidienne que tout se joue : Garder son "sang froid", observer, analyser de manière rationnelle, mettre en place de protocoles et de procédures pour prévenir le danger, ou le cas échéant le gérer pour sortir de la crise.
Si vous gérez bien votre vie au quotidien et que vous vous préparez un minimum à la gestion de crise (tempête, rupture d'électricité, rupture en eau potable, gestion d'éventuelles blessures avec une bonne formation au secourisme, prévention des agressions et vols...), vous devrez passer entre les mailles du filet de la "faucheuse" et/ou aider votre prochain dans de telles situations...
Pour commencer, et en accord avec la démonstration ci dessus, et le passage succinct en revue des situations de survie les plus fréquentes en France, il existe un ensemble de ressources officielles et de recommandations à suivre. Voici que je vous en mets en lien ci-dessous...
Le domaine de la "survie" et de la gestion des risques (prévention) est assez bien traité en France, notamment par les spécialistes de la gestion de crise au sommet de l’Etat (pensons au Ministère de l'intérieur avec la Sécurité civile...) comme dans des institutions plus ciblées comme l'Office national de la forêt (ONF) ou la Fédération française de la Montagne pour le volet balade dans la nature, pour ne citer que ça.
A l'échelle internationale, nous pouvons aussi recueillir un ensemble de documentations officielles dans divers grands organismes, à l'image de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ou de Médecins sans frontière (MSF) par exemple, travaillant directement en contact avec des populations souvent en situation dite de "survie".
Vous trouverez ci dessous plusieurs ressources pour vous informer, voir vous auto-former en cas de nécessité. De très bonnes formations de qualité professionnelle à la gestion de crise dans divers domaines existent en France, n'hésitez pas à faire le pas de la formation pratique pour renforcer vos compétences dans le domaine... Une fois encore, outre votre cercle familiale, c'est un plus pour votre environnement (village/ville), un acte citoyen que de pouvoir aider et gérer dans ce genre de situations.
PREVENTION DES AGRESSIONS, CAMBRIOLAGE ET PROTECTION DES INSTALLATIONS
Pour commencer, un point sur la prévention des risques d'agression (notamment pour vol), et des cambriolages. Le site du Ministère de l'intérieur fournit un ensemble de documentations simples et efficaces. Idem pour les autres risques d'agression...
Vous trouverez sur le site du Ministère de l'Intérieur un ensemble de documents faits par la Sécurité civile et autres professionnels de la gestion de crise pour vous préparer au mieux :
-prévention en situation de catastrophes naturelles/climatiques/industrielles (plan particuliers de mise en sûreté, plan familial de mise en sûreté, confection de kit d'urgence pour la survie dans ces situations etc...
Des recommandations sur le site de l'Office national des forêts en France pour préparer et gérer votre sortie en forêt. Vous pouvez trouver d'autres informations pertinentes sur ce site :
-Urgences et problèmes rencontrés en forêt (perdition, orage, animaux...)
La Fédération français de montagne et d'escalade et ses spécialistes ont mis à disposition un document de prévention des risques liés aux activités physiques de plein air, comme la randonnée par exemple...
Seuls textes et référentiels officiel pour ce qui concerne la formation aux premiers secours et plus largement autour des techniques de secourisme. Formez vous ! Outre la bienveillance, c'est un acte citoyen que de pouvoir porter secours à toute personne en détresse...
Le document de l'Organisme mondiale de la santé en lien ci-dessus reprend l'ensemble des techniques de traitement de l'eau pour la potabiliser. Vous pouvez trouver d'autres ressources officielles de ce type sur leur site :
-Les désinfectants et la désinfection de l'eau
-Traitement de l'eau et contrôle des agents pathogènes
Autres ressources autour de l'eau
-Usage domestique de l'eau de pluie (réglementation française)
Note : Il existe de nombreuses autres ressources. Référez vous uniquement aux sites officiels et à caractère scientifiques ou de gestion de crise. Nous mettons à jour régulièrement cette page pour vous.
En France (et dans bien d'autres pays dans le monde...), aucun diplôme officiel civil ne couvre la compétence de "formateur survie*" (instructeur, moniteur, ou formateur selon le mot utilisé). Pour autant, ça ne veut pas dire qu'il y a des gens incompétents dans le domaine, selon les définitions données en introduction de cette page.
Tout le monde peut donc s'improviser "instructeur de survie" sans avoir quoique ce soit à justifier, puis-qu’aucun cadre réglementaire n'existe malheureusement à part un code d'exercice professionnel dit APE (8559B) sensé regrouper ceux formant dans ce domaine, ce qui peut entrainer des dérives types "stage de motivation commando et survie pour civils", "formation survivaliste airsoft et survie" ou bien encore "soirée alcoolisée enterrement de vie de jeune garçon en mode survie". Ajoutons qu'avoir été militaire ne justifie pas à lui seul le statut d'instructeur de survie, et encore moins d'avoir une gestion sécuritaire ou des capacités pédagogiques avérées.. Encore faut il avoir potentiellement fait un stage survie, avoir été qualifié (aide-moniteur, moniteur ou instructeur) et de justifier de l'expérience terrain qui va avec... Idem avec le fait de faire de la Télévision et de passer dans des émissions de "survie" ne peuvent à eux seuls légitimer une bonne maitrise du sujet, et une bonne pratique...
*"Aucune disposition législative ou réglementaire ne fixe à l'heure actuelle un cadre juridique spécifique aux stages dits "de motivation" ou de "survie" (source JO Sénat du 12/04/1990)
LES PREMIERS POINTS à VÉRIFIER si POSSIBLE
1-Vérifiez si la structure est déclarée (entreprise, association etc...) et par là même vérifiez sa date de création (l'ancienneté reste souvent un gage de bon fonctionnement dans le temps). Certains mettent des mentions tapageuses sur leur site comme plus "ancienne école de survie de France" et lorsque nous regardons leur date de création d'entreprise (à partir du SIRET), nous pouvons voir que le ramage ne se rapporte pas aux données réelles administratives (un mauvais point pour commencer...). Notez que certaines mentions légales doivent être mentionnées sur le site (comme le siret, l'adresse etc..) et dans les documents officiels (type conditions générales de vente, ou convention de stage....).
Point plus délicat à contrôler : Et si vous le pouvez, contrôlez éventuellement le "chiffre d'affaire" et autres éléments de gestion comptable d'une part afin de savoir si cette structure n'a pas de soucis financier par exemple, la bonne gestion étant un autre signe de bon fonctionnement, et d'une autre part pour vérifier une fois encore les mentions annoncées comme "premier école de France dans le domaine de la survie" (plus de 10 000 stagiaires ! (...) en seulement 4 ans d’existence avec un chiffre d'affaire annuel de 5 000€... il y a de quoi se poser des questions !). Notez que dans le cas d'une association, celle ci a l'obligation de publier ses bilan annuels.
2-Vérifiez si la structure choisie est correctement assurée. Exigez s'il le faut la référence de contrat. Un accident est vite arrivé ! Si la structure n'est pas assuré et son représentant non solvable, vous allez au devant de grands problèmes !
3-Vérifiez les sources ouvertes d'informations autour de la structure choisie comme les retours des stagiaires (livre d'or ou autres) au sujet des formations proposées et autres retours liés (avis de la presse etc...)
5-Prennez connaissance éventuellement des diplômes connexes officiels pouvant être mise en avant et permettant à priori de savoir si la structure est à minima sérieuse en matière d'encadrement (BEES, BAFD, BAFA, BPJES, diplôme scolaire ou universitaire type professorat ou agricole et autres en corrélation avec le ou les domaines de compétences enseignées... attestation et/ou diplôme de secourisme...très important ce dernier point!!!).
6- Si la structure donne des stages autour de domaines de formation réglementés, comme par exemple le secourisme, vérifiez que leurs compétences sont à jour (attestation de formation, diplôme officiel etc...), leur numéro d'agrément (notamment auprès de la préfecture de votre département). En effet, dans le cas du secourisme par exemple, il existe un référentiel national et des obligations de formations officielles pour les encadrants pour pouvoir enseigner/transmettre ce type de connaissances. Idem pour l'encadrement de mineurs sur site (hors présence des parents), car ce point spécifique demande une formation et un cadre précis très réglementé pour pouvoir recevoir des mineurs seuls en "stage". Et idem pour recevoir plus de 30 personnes sur un site (établissement recevant du public) : il y a des normes et des règles à respecter et des contrôles réguliers ! Notez qu'en cas d'exercice sur le domaine public et notamment avec un groupe, il convient d'avoir une autorisation légale (Préfecture, Mairie...).
L'ORIENTATION DE VOTRE CHOIX EN MATIERE DE FORMATION (LE PROGRAMME : SON FOND ET SA FORME)
Vu la diversité de l'offre allant du "stage commando" à "l'embrassade d'arbres" en passant par "l'enterrement de vie de jeune garçon", il est également important de se poser la question de ce que vous recherchez vraiment au sein de cette formation et d'en étudier le programme.
Sortir de ses limites (vous tester?), apprendre des informations pertinentes pour les "coups durs" (cas des travailleurs en milieu isolé par exemple), passer un moment dans la nature (sortie nature du week-end), monter un projet d'autonomie en milieu rural ou en milieu isolé, ou bien encore développer un projet de voyage en autonomie par exemples représentent des motivations toutes aussi différentes les unes que les autres, et peuvent donc nécessiter des réponses pédagogiques toutes aussi différentes. En effet, toutes les structures ne répondent pas forcément à la même vision de la thématique "survie", "vie en pleine nature" ou de l'autonomie tant dans le fond que dans la forme ! Prenez votre temps pour bien étudier votre projet de formation !
Il existe à l'heure actuelle beaucoup d'ouvrages sur la "survie". Peu contienne des informations concrètes et pragmatiques, beaucoup se contentant de vous "vendre" tout un tas de techniques (à pratiquer pour être maitrisées...) en oubliant l'essentiel : la partie psychologique (dont gestion du stress et optimisation du potentiel), le domaine de la préparation ou bien encore le volet "biologique/médical" avec le secourisme, pour ne citer que ça !
Un livre écrit par un spécialiste de la survie, ancien militaire et surtout médecin, Xavier Maniguet sort du lot, bien qu'actuellement il nécessiterait des mises à jour avec l'évolution des données notamment médicales et scientifiques. Toutefois, les bases s'y trouvent : "Survivre, comment vaincre en milieu hostile."